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Publié dans le magazine français Planete Squash (Mars-Avril 2004, n°37). La deuxième et dernière partie sera publiée dans le prochain numéro de Planète Squash Mai-Juin n°38 |
Le Joueur et l’Entraîneur Au début de votre carrière, quelle était votre ambition d’entraîneur ? Ma seule ambition était de gagner ma vie. J’étais professeur d’éducation physique, mais à l’époque, l’enseignement n’était pas orienté vers la compétition. Je suis donc devenu entraîneur de Squash à plein temps, et j’ai commencé à jouer sur le circuit pro. Hélas, je me suis très vite déchiré un ligament de la cuisse, ce qui a arrêté net ma carrière. En 1984, on m’a proposé d’entraîner l’équipe nationale d’Espagne. J’ai accepté avec enthousiasme. Comment avez-vous repris votre carrière de joueur ? J’adorais mon travail, et comme ma blessure était très grave, j’avais en quelque sorte abandonné toute ambition de joueur. Mais je fus stupéfait de constater qu’en un an, les conditions climatiques et l’altitude de Madrid avaient pratiquement guéri ma blessure. J’ai fait quelques matchs, et j’ai battu quelques bons joueurs. Alors j’ai commencé à faire des allers-retours réguliers entre Madrid et Londres pour participer à la Ligue (un championnat par équipe, organisé dans chaque comté anglais, qui dure environ six mois de l’année). Puis je me suis basé au Club Cannons, dans la City, où je travaillais avant de partir en Espagne, et j’ai recommencé à jouer sur le circuit pro. Quel a été votre meilleur classement ? Je crois que mon meilleur classement a été numéro 12 mondial, et je suis fier de pouvoir dire qu’à part Jahangir et Jansher, j’ai battu tous les joueurs de l’époque. Malheureusement, ma blessure m’empêchait de m’entraîner assez longtemps pour tenir un tournoi entier, mais j’avais, comment dire, de jolis coups d’éclats ! Quand êtes-vous devenu entraîneur à plein temps ? Jusqu’en 1990, je suis resté au Club Cannons, comme entraîneur et joueur. C’est à cette époque que j’ai décidé d’arrêter ma carrière de joueur. En 92, j’ai organisé le « Championnat du Monde des Entreprises », qui fut un grand succès, et regroupait plus de 600 participants. L’un des arbitres travaillait à Chingford, et m’a proposé de travailler sur un projet pour le club. Et c’est cette année-là que David Pearson* m’a envoyé Peter Nicol. (*l’actuel entraîneur national anglais) Comment s’est passé le premier contact ? Merveilleusement bien. Je lui ai parlé de ma vision, de ma conception d’un joueur de haut niveau, et Peter avait exactement la même. Nous avons commencé à nous entraîner. Les années passant, je ne rajeunissais pas, et comme il fallait être sur le court entre 5 et 6 heures par jour, j’ai dû faire appel à d’autres joueurs pour s’entraîner avec Peter. Pensez-vous que Peter serait devenu champion sans votre aide ? Oh oui ! Il aurait trouvé un autre moyen d’y arriver. Je pense simplement que je lui ai fait gagner beaucoup de temps. Normalement, il faut entre 8 et 10 ans pour faire un numéro 1 mondial (prenez l’exemple de David Palmer ou de John White). Je pense qu’avec les méthodes que j’utilise, je peux obtenir le même résultat en 5 ou 6 ans. Vous êtes aujourd’hui un entraîneur d’une réputation mondiale. Alors, maintenant, quelle est votre ambition? C’est une très bonne question ! Je me la suis posée il y a environ 18 mois. Peter a encore 2 ou 3 ans au top-niveau, et je pense qu’il arrêtera sa carrière avant de descendre au classement. Alors je me suis demandé ce que j’allais faire. Et puis, j’ai regardé Beng Hee, qui travaille avec moi depuis 6 ans, et je me suis dit, « ce joueur est en train de monter ». C’est comme un engrenage qui tourne... Beng Hee est en train de monter au classement, il est 7e mondial. Il a encore du chemin à faire, mais il avance, il avance… Alors je me suis surpris à penser « est-ce que je peux recommencer ? Est-ce que j’ai en fait eu de la chance d’avoir un joueur du début jusqu’à la fin ? Est-ce que je peux refaire un numéro 1 ? Vous ne partez pas à la retraite alors ? Oh, je suis dedans, jusqu’au cou ! Je viens aussi de commencer un projet caritatif avec mon ancien patron du Club Cannon, Gary Oliver, pour un hôpital pour enfants polonais. J’aime m’investir dans ce genre d’entreprise. C’est drôle, vous savez, la vie vous réserve toujours de belles surprises. Quand je pense que ma vie est un peu stérile, la chance semble frapper à ma porte. Avez-vous été influencé par quelqu’un en particulier ? Quand j’étais joueur, Jonah Barrington m’a énormément influencé non pas d’un point de vue technique, mais sur le plan de la motivation. Il possédait aussi un fantastique sens tactique. J’ai énormément appris rien qu’en l’observant. Il paraît que vous avez refusé le poste d’entraîneur national anglais ? C’est exact. Non, moi, ce que j’aurais voulu, c’est que la SRA (Squash Racquet Association) organise des centres régionaux. Par exemple, dans le Nord de l’Angleterre, il y aurait eu David Pearson, dans le Yorkshire, David Campion, au nord de Londres, moi, etc. Les joueurs auraient pu passer d’un centre à l’autre. Mais pour de nombreuses raisons, ça n’a pas été possible. Et je trouve que c’est très dommage, car c’est un système qui a fait ses preuves, et aussi un bon moyen de repérer les jeunes talents. En tant qu’entraîneur, quels sont vos meilleurs résultats, vos meilleurs souvenirs ? J’en ai tout plein, pour des raisons différentes. Commençons par un joueur que j’entraînais, Peter Gunter qui a joué dans la Ligue pendant environ 10 ans. Ayant reçu de son ancien employeur une forte somme, il décida de s’entraîner pour devenir pro. À l’époque, il était 30ème anglais. Il n’avait aucune des qualités requises pour être un joueur de haut niveau. Il était maladroit, asthmatique, mauvais à la volée, et il se déplaçait à la vitesse d’un escargot. Mais il avait d’énormes qualités, il était très bien organisé, très discipliné, très honnête envers lui-même, il était parfaitement conscient de ses qualités et de ses défauts. J’ai vraiment pu le faire travailler. Son niveau s’est amélioré à un tel point qu’il est monté au classement, jusqu’à être 42ème mondial, ce qui est phénoménal, absolument phénoménal. Un autre très bon souvenir, Tim Garner. Tim est un joueur qui a toujours manqué de confiance en lui, pour différentes raisons.
Nous avons toujours très bien travaillé ensemble, c’est un athlète de haut niveau qui n’a pas peur de s’entraîner dur. Un jour, en Égypte, il jouait contre Alex Gough. Nous avions mis au point une tactique de jeu, et tout a marché merveilleusement bien, coup par coup. Et quand je planifie un match, que votre joueur le suit à la lettre, et que le plan marche à merveille, c’est un grand moment. Et puis, il y a Peter, bien sûr. Sa victoire
au British Open en 98. Mais il y a aussi sa victoire au Championnat du Monde
contre Barada en 99, après deux échecs consécutifs. Mais mon moment préféré,
c’est sans doute la première victoire de Peter contre Jansher en finale d’Al
Ahram en juin 97. Voulez-vous que je vous raconte toute l’histoire ? Quelle est votre attitude envers l’argent
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LES ARRANGEMENTS FINANCIERS Allons directement au but : ça coûte combien de travailler avec vous ? Mes prix varient selon les moyens des joueurs. Si un joueur est subventionné par une fédération, ou par un contrat, ou encore si sa famille est assez aisée, j’applique le prix normal. En quelque sorte, ce sont ces joueurs-là qui subventionnent les joueurs les plus démunis. De plus, je « teste » les joueurs. Si je vois qu’un joueur s’accroche, qu’il travaille dur, et qu’il décide de travailler ici, je baisse les prix. Vous pouvez être plus précis ? Si un joueur vient ici pour trois mois, prend tous les sessions du matin, trois cours particuliers par semaine, cela lui coûte environ £100 par semaine (142 Euros). Si c’est un pro, ça lui coûte £20 par semaine (28 euros), et £90 par mois (128 Euros), plus un pourcentage sur leurs gains sur le circuit. Une fois de plus, ce pourcentage varie selon leur niveau. Vous pouvez nous donner l’exemple de joueurs ? Beng Hee me paye un forfait minimum, et je prends un petit pourcentage sur ses gains en tournoi. Il est un peu spécial, car il est parrainé par le Comité Olympique, qui lui paye son appartement. Peter, lui, ne m’a jamais donné de pourcentage sur ses gains, mais j’ai participé à la négociation de son contrat avec Prince, sur lequel je touche un petit pourcentage. En résumé, j’essaie toujours d’aider les joueurs tant que je peux. Pour citer Tim une fois de plus, il voulait absolument partir en Colombie pour faire un tournoi, et le vol coûtait £800 (1.140 Euros). Alors je ne lui ai rien pris sur ce tournoi-là, pour l’aider. Chaque joueur est un cas différent. |
Tim se souvient… |
QUESTIONNAIRE DE BERNARD PIVOT |
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Publié dans le magazine français Planete Squash (Mars-Avril 2004, n°37). La deuxième et dernière partie sera publiée dans le prochain numéro de Planète Squash Mai-Juin n°38 |
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